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De Nice à Turin, une escapade royale à travers les Alpes !

TourMaG.com fait son tour de France


C'est parti pour le Tour de France 2018 ! Durant 3 semaines, TourMaG.com vous propose de partir à la découverte des régions françaises, en suivant plus ou moins le tracé officiel de la Grande Boucle. Aujourd'hui, alors que les coureurs sont au repos à Annecy, nous traversons les Alpes en direction du Sud, par la spectaculaire et étroite vallée de la Roya, une route alpine reliant les capitales azuréenne et piémontaise. De Breil-sur-Roya au Mercantour, du village perché de Saorge à celui de Pinocchio, Vernante, jusqu’aux ors de Turin, cap sur une escapade royale, comme au temps des souverains savoyards.


Rédigé par Jean-François RUST le Lundi 16 Juillet 2018

A Nice, la grâce de la Promenade des Anglais et du Vieux Nice ne souffre aucune entorse - DR : Pixabay
A Nice, la grâce de la Promenade des Anglais et du Vieux Nice ne souffre aucune entorse - DR : Pixabay
225 km séparent Nice de Turin, de la Dolce Vita azuréenne au dynamisme industrieux piémontais.

Voilà le cheminement que nous vous proposons, en passant par la haute échine alpine.

Cette route fut royale car elle reliait l’ancien comté de Nice à l’ex-capitale du royaume de Piémont-Sardaigne, Turin. Une route du sel et des étoffes. Une voie diplomatique, aussi. Nice et la Roya ne furent rattachés à la France qu’en 1860.

Les sensations éprouvées en roulant sur la sinueuse D2204 sont multiples.

A la sortie de Nice, vous apercevrez des villas récentes accrochées aux versants, un habitat résidentiel construit un peu à l’emporte-pièce. Elles démontrent l’attractivité brouillonne de la métropole niçoise.

Une ville que vous aurez sans doute arpentée au préalable, en arrivant dans la région. La grâce de la Promenade des Anglais et du Vieux Nice ne souffre en effet aucune entorse.

Calfeutrage des bourgs alpins

Il faut donc dépasser Drap pour commencer à apercevoir les signes d’un paysage plus virginal.

Cantaron, puis L’Escarène, rappellent avec leurs maisons groupées au-dessus du Paillon le calfeutrage habituel des bourgs alpins.

La route s’élève et une fois franchi le col de Braus (1 000 m), Sospel s’affirme comme le véritable premier témoin de ces Alpes maritimes, bercées par l’azur méditerranéen mais déjà empreintes de rigueur montagnarde.

A pied, vous apprécierez les places Saint-Nicolas et Saint-Michel et leurs maisons anciennes, séparées par le vieux pont à péage jeté sur la Bévéra.

Poursuivons plein nord, en direction de Breil-sur-Roya (à 22 km).

La D2204 se fait sinueuse, à flanc de versant, franchissant les cols du Pérus (659 m) et de Brouis (880 m).

A droite, la vue plonge sur la vallée boisée de la Roya et la route de Vintimille. La Côte d’Azur est déjà loin !

L’amphithéâtre de Saorge

Comme toutes les communes du secteur, Breil-sur-Roya mérite aussi une halte… pédestre (l’urbanisme étroit des villages du haut-pays niçois ne permet pas la circulation en véhicule).

Ne sentez-vous pas déjà les odeurs d’Italie ? Place à arcades, façades colorées : pas de doute, nous y sommes !

A voir aussi : le splendide orgue orchestral de l’église. Au 19e s., les villages de la Roya, tous savoyards, se sont offerts de magnifiques instruments pour transcrire les airs d’opéra en vogue et attirer les fidèles par leur luxe Baroque.

Après Breil, vous entrez dans le corridor de la Roya. Une route spectaculaire (la D6204) est taillée dans le roc de la vallée, au pied du Parc national du Mercantour.

Soudain, à travers le pare-brise, une apparition : Saorge. Tout a été écrit sur cette commune en amphithéâtre, sorte de « village tibétain » des Alpes du Sud.

Des ruelles en dédale sur trois niveaux, des passages voûtés, des escaliers, des maisons médiévales couvertes de lauzes : le charme brut de Saorge laisse sans voix.

Une poignée de kilomètres en amont, nous vous suggérons un « bon plan » : engagez vous à droite, à hauteur de Saint-Dalmas-de Tende, sur la route qui mène à La Brigue. Un village « bout du monde » et peu fréquenté.

De l’autre côté des lignes de crêtes dénudées, c’est l’Italie, zone frontalière et théâtre d’anciennes contrebandes. La Brigue et son splendide orgue orchestral (dans l’église) est le dernier village, avec Tende, à avoir été rattaché à la France, en 1947.

C’est l’Italie !

Tende, justement. Vous ne quitterez pas ce bourg frontalier sans avoir déambulé dans la vieille ville, jalonnée, comme les autres, de maisons aux linteaux armoriés et habillées de schistes, dominées par le clocher lombard de l’église N.D. de l’Assomption.

Il reste désormais à passer côté transalpin. La route s’élève à travers la forêt de Caïros, laissant entrevoir sur les crêtes les vestiges de forts militaires, reliquats de l’imposant système défensif italien du 19e s.

Et soudain, c’est le noir… Le noir ? Oui, celui du tunnel de Tende, étroit corridor blafard de 3 km, débouchant en Italie.

Au volant, méfiance. Avant la fin du percement du second « tube », prévue en 2019, il faudra conduire avec une grande prudence (le tunnel est fréquemment fermé la nuit pendant ces travaux).

Vous voilà désormais en Italie. La route dévale le versant transalpin en lacets, traverse la station de Limone Piemonte et parvient à Vernante. Stop ! Ce village d’apparence anonyme abrite des dizaines de fresques murales à la gloire de Pinocchio.

L’illustrateur de la célèbre marionnette, Attilio Mussino, a vécu ici. Pour lui rendre hommage, des habitants ont accepté que les façades de leurs maisons soient peintes de scènes « pinocchiesques ». C’est un musée à ciel ouvert.

Le route dévale ensuite jusqu’à Cuneo, important chef-lieu de province et ville-phare du Piémont. Vous ne manquerez pas sa célèbre piazza Galimberti et sa via Roma à arcades, entre deux ristretto.

Villes piémontaises hautes et basses

Deux petits « écarts de conduite » sont bienvenus pour s’imprégner des richesses piémontaises : Mondovì et Saluzzo.

La première ville, 23 000 habitants, trône 25 km à l’est de Cuneo. Ses maisons en brique rouge, ses vieux commerces, son indicible animation « à l’italienne », sont surplombés par une ville haute aux tours conquérantes, que l’on rejoint par un charmant funiculaire. Piazzas et chiesa, tratorria et ragazza : c’est l’Italie !

La seconde, Saluzzo, 17 000 résidents, se tient 32 km au nord de Cuneo. Ici aussi, la brique est reine. Comme à Mondovì, la ville haute fait écho à la basse, dans un maelström de ruelles, palais, arches en ogive, tours, balcons et terrasses de cafés. Un vrai bonheur, surtout les fins de semaine quand les habitants descendent dans les rues.

Turin, 60 km au nord de Saluzzo, clôt l’itinéraire. Baroque et corsetée, la capitale piémontaise échappe aux clichés habituels sur l’Italie désordonnée.

Au pied des Alpes, l’ancienne capitale de la Maison de Savoie exhibe une panoplie architecturale rigoureuse, qui s’exprime dans les commerces élégants et les vénérables cafés. Une métropole de charme pour achever un périple haut en couleur et en richesses historiques.

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